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mardi 31 mai 2016

Le piège de Lovecraft

J’ai toujours été fasciné par l’œuvre de Lovecrat. Cependant, ce qui m’impressionne le plus, c’est de voir l’influence qu’il a eu sur les auteurs, les cinéastes et les bédéistes qui ont suivi. C’est pas pour rien que j’avais entreprit un doctorat sur l’adaptation cinématographique de son œuvre. Alors quand j’ai entendu parler du roman d’Arnaud Delalande, Le piège de Lovecraft, ma curiosité a immédiatement été piquée. Imaginez, un roman lovecraftien qui se déroule à Québec et même à l’université que j’ai fréquentée lors de mes trop longues études. 



C’est l’histoire de David, un étudiant en littérature à l’Université Laval. Après avoir assisté au carnage commis par un de ses camarades, David essaie de comprendre ce qui s’est passé. Cela va l’entraîner sur les traces d’un groupe d’adeptes d’un jeu en ligne mystérieux, le Cercle de Cthulhu. Les membres du groupe sont reconnaissables au tatouage qui se trouve sur leur poignet. Il va aussi se lancer dans une recherche sur les livres maudits, plus particulièrement du Nécronomicon. Il va rencontrer différents spécialistes, jusqu’à Stephen King et même August Derleth. Il va aussi rencontrer d’autres joueurs qui, comme son ami, vont sombrer dans la folie et commettre des crimes violents. Lui-même va commencer à douter de sa santé mentale… 

Tout (en fait, 90% du livre) est raconté à la première personne et, dès le début, on sait que le narrateur est maintenant enfermé dans un asile psychiatrique. On peut donc voir ce récit comme le délire d’un schizophrène paranoïaque, ce qui est une lecture qui se tient. 

Ce livre est quelque part à mi-chemin entre le roman, l’étude sur Lovecraft et la réflexion sur l'écriture. Comme le personnage est un chercheur et qu’on suit le déroulement de son exploration, on a en quelque sorte une réflexion sur l’œuvre de l’écrivain de Providence. C’est bien fait, bien amené (la plupart du temps) et intéressant à lire. Seulement, cette approche rend d’autant plus condamnable les quelques erreurs qui s’y trouvent, entre autres lorsqu’on parle du recueil Le roi en jaune comme d’un roman de R. W. Campbell (à la page 100 de l’édition Le livre de poche), alors que l’auteur est Robert W. Chambers. 

Toutefois, il ne s’agit pas d’un essai, mais bien d’un roman et, à ce titre, Le piège de Lovecraft m’a plu, malgré ses défauts. Le style est alambiqué par moment, un peu comme celui du maître. On est clairement dans le pastiche ici et c’est parfois trop appuyé, malgré plusieurs clins d’œil intéressants. Un peu comme dans le cas de Lovecraft, on se dit souvent que cela ne devrait pas fonctionner, que l’écriture est trop lourde ou trop intellectuelle, pourtant, ça fonctionne. Il y a quelques scènes d’une redoutable efficacité et on se laisse gagner par le mystère. 

J’avais hâte de lire un roman lovecraftien qui se passait pour ainsi dire dans ma cour, mais à mon sens c’est le plus grand défaut du livre. Il y a plusieurs erreurs géographiques dans le livre : le chemin Sainte-Foy devient la rue Sainte-Foy, il semble y avoir une confusion entre l’université Laval et l’université de Laval (d'ailleurs, par moment, on a l'impression que Laval est un quartier de Québec puisqu'un des personnages est enfermé au penitencier de Laval) et, pour tout dire, on a l’impression que l’auteur ne connait pas bien la région qu’il décrit. De plus, le personnage principal est souvent trop passif et l’intégration des informations glanées pour sa recherche se fait parfois difficilement. Aussi, j’ai été dérangé par le fait qu’aucun personnage n’a de nom ou de prénom usuel au Québec… même si cela s’explique en partie par la conclusion du livre. Sinon, mon plus gros bémol en ce qui concerne le récit vient du début sous forme d’échange de courriels avec Michel Houellebecq. En toute honnêteté, je ne suis pas convaincu de la pertinence de ce passage qui m’a semblé plus faible. 

Cela dit, je suis ressortie de ma lecture avec une impression générale favorable. Cette histoire se termine sur une belle mise en abyme et la vision du Nécronomicon qui est offerte amène à réfléchir (surtout pour les écrivains ou les créateurs).  

Retour sur l'aventure Cobayes

Les éditions de Mortagne ont lancé à l’automne la série Cobayes. Sept auteurs devaient écrire un roman à partir d’une même mise en contexte : des gens acceptent de tester une molécule, la Chlorolanfaxine, développée par les Laboratoires AlphaLab. Seulement, ce médicament censé aider ceux qui souffrent de troubles anxieux et de dépendance, entraîne des effets secondaires insoupçonnés qui mèneront les patients dans l’horreur. 

La série presque complète... mon exemplaire d'Anita est demeuré caché, trop gêné pour participer à la séance de photo.

Comme le dernier bouquin de la série, Cédric, est paru ce printemps, je pensais que ce serait intéressant de revenir sur cet ambitieux projet. Les couvertures, d’une facture très cinématographique, sont une des grandes réussites du projet. Chaque livre est un bel objet qui donne envie d’être découvert. De plus, les médias sociaux ont été utilisés à bon escient pour faire la promotion du projet, notamment pour diffuser les bandes annonces de chaque livre. De plus, plusieurs auteurs de talents ont été rassemblés autour de ce projet.

Plusieurs des livres de la série sont bons et même très bon, malgré tout, l’ensemble souffre de faiblesse. La principale est que la série n’est pas meilleure que la somme de ses parties. Chaque livre suit un modèle similaire : le personnage (ou les personnages dans le cas de Sarah et Sid) a besoin d’argent, il voit la publicité sur l’étude pharmaceutique, puis on suit l’histoire entrecoupée des différentes injections alors que le cobaye connait une descente aux enfers. Cela donne un effet répétitif, surtout lorsqu’on lit deux livres de façon consécutive. De plus, il manque de lien entre les différents livres qui auraient permis de développer l’arrière-fond qui demeure au final assez flou. Les éditeurs ont réussi à créer des attentes en annonçant un chapitre final à la fin de chaque volume. Le concept était génial : il y a une lettre à la fin de chaque livre, après les avoir tous lus, on prend les lettres pour former un mot que l’on inscrit sur un site Internet pour avoir accès à ce chapitre tant attendu. Seulement, les réponses sont TRÈS décevantes. Les personnages clés sont évacués de l’équation et les raisons pour justifier cette expérience m’ont apparu très faibles.

Cela dit, malgré ce constat sévère, j’ai apprécié presque tous les livres de la série à différents niveaux et il y a là quelques scènes d’anthologie dans le domaine du gore et de l’horreur.

Voici un petit résumé des différents livres présentés en ordre chronologique de parution :

Anita, de Marilou Addison : Anita est une femme carencée au possible qui souffre d’anorexie. Si elle décide de participer aux essais cliniques pour une étude pour contrôler l’anxiété, c’est seulement pour une raison : un des effets secondaires annoncés est la perte de poids. Elle voit ainsi un moyen d’atteindre le poids symbolique de 100 livres. Seulement, des effets imprévus auront des conséquences sur sa vie. D’abord, une violence qui la gruge de l’intérieur. Et une faim impérieuse, qu’elle se doit d’assouvir. Un appétit immense pour la viande, de plus en plus saignante.

Je dois admettre que j’ai eu de la difficulté à me plonger dans ce récit raconté du point de vue du principal protagoniste, car Anita est réellement antipathique. Cela nuit à l’identification. Par contre, la plume de l’auteur a quelque chose d’envoûtant et, après quelques pages, je me suis retrouvé happé par ce récit, à toujours vouloir savoir ce qui va se passer ensuite. Il s’agit d’une histoire d’horreur psychologique. Le rythme est bon, le suspense prenant et il y a quelques scènes horribles à souhait (bien que l’auteur ne verse jamais dans la surenchère de détails sanglants).

Sarah et Sid, d’Ève Patenaude : Ancienne danseuse de ballet, Sarah gagne maintenant sa vie par la danse… la danse érotique dans un bar louche. Quant à Sid, sous ses dehors de beau gosse bien dans sa peau, il est hanté par la mort de son ami Charlie. Ses deux écorchés de la vie vont se rencontrer et tomber en amour. Pour rembourser une dette de Sarah, ils vont accepter de participer à l’étude d’AlphaLab… pour leur plus grand malheur.

Mon livre préféré de la série même s’il est l’un de ceux qui verse le moins dans l’horreur. Il s’agit plutôt d’un thriller d’excellente facture. La psychologie des personnages est bien développée, tout comme leur vie en dehors des études cliniques. L’écriture d’Ève Patenaude est très précise et elle rend bien les émotions de ses personnages. Le seul défaut à mon sens est une vision disons… hollywoodienne du piratage informatique. Sinon, un sans faute ou presque.

Yannick de Martin Dubé : Yannik est la gentillesse incarné. Jamais en colère, toujours prêt à aider les autres. Pour venir en aide à sa sœur et à son neveu, il va accepter de participer à l’étude d’AlphaLab, histoire d’amasser de l’argent rapidement. 

De loin, de très loin, le livre que j’ai le moins aimé de la série. L’humour potache de cette histoire m’a exaspéré. Le même procédé revenait tout le temps : le personnage échafaudait un plan horrible… et ce n’était qu’un rêve. De plus, il n’y a ni suspense véritable, ni scène d’horreur. En fait, ce livre semblait déplacé dans cette série.

Benoît de Carl Rocheleau : Amateur de cinéma en général et de Tarantino en particulier, Benoît arrive à Montréal sans le sous, encore sous le choc de sa dernière rupture amoureuse. Bien vite, il découvre un moyen de faire de l’argent en servant de cobaye pour des tests pharmaceutique, puis il tombe sur Mini, une jeune asiatique qui l’héberge et deviendra bien vite son amoureuse. 

Voilà un excellent livre. L’auteur sait créer le suspense et offre une belle gradation dans l’horreur. La psychologie de ses personnages est bien développée. En fait, mon seul bémol concerne la fin. Je sais que l’explosion d’action est une forme d’hommage à Tarantino, mais la fin m’a semblé trop rapide. D’autant plus qu’elle ouvre sur de nouvelles possibilités dans la série qui non seulement ne seront pas développés par la suite, mais qui entre en contradiction avec le Chapitre final.

Olivier d’Yvan Godbout : Olivier est marqué par la mort de son frère jumeau. D’ailleurs, il en garde des traces dans son corps marqué par les cicatrices. Ses parents l’ignorent et il souffre de troubles anxieux. Il souhaite changer de vie, quitter son emploi minable, déménager de la maison familiale et, surtout, guérir. C’est dans cet objectif qu’il accepter de jouer les cobayes pour AlphaLab… pour son grand malheur.

Il y a plusieurs maladresses dans la narration, les dialogues ne sonnent pas toujours juste et l’histoire souffre de quelques clichés. Par contre, du côté de l’horreur, Yvan Godbout a repoussé la limite de la série en y ajoutant quelques scènes gore mémorables et, au final, je suis sortie de ma lecture satisfait. 

Elliot de Madeleine Robitaille : Elliot travaille à temps partiel dans une pharmacie. Asocial et sans ami, il se complait surtout dans son monde intérieur. Et, lorsque les pensées ne sont plus suffisantes, il tue une nouvelle femme et écrit une nouvelle à partir de son expérience, ce qui peut le soutenir pendant des jours, des semaines, des mois, jusqu’à ce que sa faim soit trop grande et qu’il tue de nouveau. Pour aller au bout de ses fantasmes, il voudrait terminer les travaux de sa pièce insonorisée. Et c’est là qu’il voit l’offre d’AlphaLab, le moyen idéal d’amasser de l’argent rapidement et sans effort.

Le modèle de la série est pris à contrepied. Alors que les autres livres nous montrent la descente aux enfers de gens normaux, ici, on voit un psychopathe sur le chemin de la rédemption… Les cinquante premières pages m’ont dérangé, car j’avais l’impression que le personnage passait son temps à se justifier. L’action parlait pour lui et l’auteur aurait dû laisser le lecteur se faire sa propre opinion. Il y a aussi la finale qui m’a semblé un peu artificielle. Par contre, entre les deux, on a droit aux meilleurs moments de la série avec des scènes très dures et un suspense prenant.

Cédric d’Alain Chaperon : Cédric est un fumeux de pot sans ambition qui passe sa vie dans les histoires des autres que ce soit par les livres ou les films. Il est aussi le rédacteur du Blogue du Cobaye qui lui permet de partager sa vision du monde. Pour arrondir ses fins de mois, il joue les cobayes pour différentes compagnies pharmaceutiques, ce qui l’amène à répondre à l’annonce d’AlphaLab. Dans un premier temps, le produit aura des effets positifs sur sa vie, l’amenant à prendre confiance en lui. Il va même amorcer une relation amoureuse avec une ancienne vedette d’émission pour enfants. Puis, avec des doses plus fortes, il va devenir un monstre d’ambition et d’orgueil.

Alain Chaperon signe le livre le plus léger de la série après Yannik et, d’après moi, la légèreté ne se mêle pas bien à l’expérience Cobayes. S’il s’en tire mieux que Dubé, l’auteur ne réussit pas à remplir le mandat de la série et on se retrouve avec une critique sociale agréable à lire, mais qui manque de rythme. En fait, le contrat tacite avec le lecteur est rompu : il n’y a pas d’horreur dans ce livre, ou si peu, et il manque de suspense. Malgré tout, l’auteur possède une belle plume et le livre est agréable. 

mardi 19 janvier 2016

Mes coups de coeur 2015


Depuis le 28 mai 2003, je prends en note tous les livres que je lis (ainsi que les bandes dessinées, les films et les séries télévisées) et je leur accorde une note de 1 à 10. Habituellement, à la fin de l'année, je fais un retour sur mes coups de cœur des 12 derniers mois. Voici donc un retour sur mes meilleures lectures en 2015 avec quelques semaines de retard. Toutefois, ce délai est attribuable à des activités artistiques diverses (j'ai écrit un court métrage, Priez pour nous, qui a été présenté le 16 janvier, j'ai noué des contacts avec le milieu du conte à Québec et j'ai avancé dans deux projets de nouvelles et deux de romans). Enfin bref, voici les oeuvres qui m'ont charmé cette année sur les 87 livres que j'ai lus.



Bondrée d'Andrée A. Michaud est sans conteste mon coup de cœur de l'année. Cette histoire noire brille par la qualité de l'écriture et le rythme envoûtant de l'histoire. Un des meilleurs livres que j'ai lus point.



Hypérion et La chute d'Hypérion de Dan Simmons. C'est drôle, Simmons est un de mes auteurs préférés, mais j'ai surtout lu son fantastique jusqu'à maintenant. J'avais peur d'être déçu par Hypérion puisqu'on me l'avait tellement vanté. Eh bien, si j'ai pris un peu de temps à m'immerger dans ce monde, on peut dire que je n'en suis pas ressorti indemne. Le chapitre sur Saul et sa fille qui rajeunit chaque jour va me marquer à tout jamais.



Le mystère du lac de Robert McCammon est un livre qui touche avec finesse un de mes thèmes fétiches : la nostalgie de l'enfance et la perte de l'innocence qui va avec le passage à l'âge adulte. C'est ce que j'ai lu de mieux de cet auteur qui écrit surtout de l'horreur.



L'ultime frousse autour du monde de Bruno Blanchet. Bruno Blanchet nous amène avec humour et folie dans son parcours hors des sentiers battus. Un vrai page turner.



Terreur de Dan Simmons. Un excellent livre entre horreur et exploration (avec un bon fond historique). L'auteur nous amène habillement à partager la peur des personnages en dépeignant avec soin un environnement hostile qui est tout aussi mortel que le monstre qui rôde.



L'empire bleu sang de Vic Verdier. Un ovni dans notre milieu littéraire que cette uchronie québécoise racontée avec beaucoup d'humour et un certain sens de la démesure (qui demeure presque toujours contrôlé bien que j'estime qu'il y a un chapitre inutile, ce qui n'est pas suffisant pour bouder son plaisir).



Fantômes de Joe Hill. Joe Hill est un de mes auteurs préférés et dans ce recueil il démontre toute l'étendue de son talent. La novella finale à elle seule vaut la lecture de ce recueil qui contient plusieurs joyaux.



La déesse des mouches à feu de Geneviève Pettersen. On suit la descente aux enfers d'une adolescente, Catherine. Une écriture sans compromis, des dialogues réalistes, un récit très dur.



L'ensorceleuse de Pointe-Lévy de Sébastien Chartrand. Il s'agit d'une quête de fantasy somme toute classique. L'originalité de ce livre est de ramener tout cela au Québec en utilisant les figures de notre folklore. L'auteur parvient avec efficacité à faire lever la sauce.



L'homme qui détestait le golf de Sylvain Meunier. Un petit roman policier sans prétention écrit avec verve et beaucoup d'humour qui se lit d'une traite.



Il ne faut pas parler dans l'ascenseur de Martin Michaud. Malgré une intrigue secondaire un peu inutile qui verse dans le fantastique, ce premier roman de Michaud démontrait déjà que son auteur ferait sa place dans le domaine du polar.



Au bonheur des ogres de Daniel Pennac. Pennac, c'est de la folie à l'état pur. Il y a de nombreuses trouvailles savoureuses dans ce roman qui fait oublier une intrigue policière plutôt lâche.



Les forces du désordre de Camille Bouchard. Une novella dure de la part d'un auteur qui nous a habitués à des histoires noires à souhait. On suit une jeune Québécoise qui vivra l'enfer au Mexique après avoir été recrutée pour jouer les mules pour des passeurs de drogue.



Meurtre à la librairie. Collectif inégal, mais qui donne un excellent panorama des auteurs de littérature policière au Québec et qui comprends plusieurs excellents textes.



Trois carrés rouges sur fond noir de Tony Benacquista. L'auteur a un style savoureux et enchaîne les dialogues percutants dans ce roman bien noir servi avec une dose d'humour.



Anges déchus de Richard Morgan. Bien que ce roman ne m'est pas autant marqué que la précédente aventure de Takeshi Kovacs, on retrouve avec plaisir ce personnage. On est encore dans un futur sombre, mais ce roman n'a pas le côté enquête policière dans un monde cyberpunk (ou du moins pas de façon aussi présente) que Carbone modifié, un de mes livres cultes.



À l'aube des lendemains précaires de Neil Bissondath. Un recueil de nouvelles qui contient de belles perles sur la difficulté d'adaptation et sur le fait d'être un étranger.



Cachemire de Mario Bolduc. Malgré quelques petites maladresses ici et là, Mario Bolduc offre un roman d'espionnage enlevant qui donne envie de lire les suites. Ce roman ferait un excellent film d'action avec un personnage qui n'a rien à envier aux James Bond de ce monde.



Doctor Sleep de Stephen King. Je suis ambivalent à propos de cette suite de Shinning. Certains moments m'ont fait râler, pourtant à d'autres moments le don de conteur de King s'est exprimé à son meilleur. Ce qui fait qu'au final, c'est une lecture que j'ai appréciée.



9 ans, pas peur d'André Marois. Petite novella faussement naïve qui met en vedette le fils d'un criminel avec finesse. Une très belle réussite.



Tout ce qui meurt et Laissez toute espérance de John Connolly. Deux romans policiers très noirs sur les traces de l'ancien policier Charlie Bird Parker. Bien qu'inégaux par moment, ces deux livres m'ont laissé une impression durable. La preuve, deux autres aventure de Bird sont dans ma liste de livre à lire.



Quand la dernière chandelle s'éteindra de Frédérick Durand. Un court roman qui montre ce que l'auteur peut faire de mieux. Il excelle à créer des ambiances malsaines et parvient à aller au bout de ses prémisses souvent particulières. L'auteur excelle aussi (surtout) dans la forme courte comme le démontrent les trois nouvelles qui suivent le programme principal.



Accès interdit de David Morrell. Le père de Rambo offre une visite qui ne sera pas de tout repos dans l'univers des explorateurs urbains. Le plus gros problème de ce livre c'est qu'on ne peut s'empêcher d'imaginer le livre d'horreur qui aurait pu être écrit à partir des mêmes prémisses. Par contre, le livre actuel vaut aussi le détour. Véritable page turner, il nous happe jusqu'à la fin grâce au sens du rythme de l'auteur et aux multiples rebondissements du récit.



Rupture de contrat d'Harlan Coben : Premier livre de la série mettant en vedette Myron Bolitar. Que dire : certains personnages manquent de profondeur, les coins sont tournés ronds par moment, pourtant le rythme du récit est si prenant qu'on ne peut le déposer et les répliques sont si savoureuses qu'au final j'ai surtout retiré du plaisir de cette lecture malgré les faiblesses du récit.



Comme vous pouvez le constater, ce fut une bonne année de lecture avec une vingtaine de titres allant de très bons à excellents. Sans compter qu'il y a une vingtaine d'autres livres qui ont raté la coupure de peu (des oeuvres qui ont obtenu entre 7 et 8- sur mon échelle hautement suggestive, alors que j'ai conservé dans cette liste seulement les livres qui ont eu 8 et plus).


lundi 5 janvier 2015

Bilan de l’année 2014

Avec quelques jours de retard, voici mon bilan de 2014. Ma première année complète au Yukon (je suis arrivé à la fin octobre 2013) a été pleine de rebondissements… et d’écriture. Côté publication, ça n’a pas paru tant que ça, mais j’ai quand même publié trois nouvelles : Le lendemain, les gens parleront de folie collective (deux fois), Miroir, miroir et L’Ombre à la fenêtre. Plusieurs publications devraient toutefois suivre en 2015.

J’ai aussi consommé beaucoup de produits culturels : j’ai lu 74 livres (ce qui est un peu au-delà de ma moyenne qui tourne entre 50 et 60 depuis quelques années), vu 105 films (ce qui est dans ma moyenne), vu 21 séries télévisent (ce qui est aussi dans ma moyenne) et lu seulement 37 bandes dessinées (ce qui est bien en deçà de ma moyenne qui est plus entre 60 et 70).

Depuis le 28 mai 2003, je note dans un cahier tout ce que je lis et vois et leur donne une note, ce qui me simplifie la tâche quand vient le temps de dire ce qui m’a le plus marqué dans l’année. Il n’y a pas d’ordre précis, mais voici une courte liste de mes musts de l’année. Comme vous le verrez, je ne suis pas à l’affût des nouveautés…

Films
Gabrielle
Lego : The movie
Cloud Atlas
Captain America : Winter Soldier
American Hustle
Prisonners
La petite reine
1987
The Conjuring
Jaws (eh oui, je ne l’avais jamais vu)
Jodorowski’s Dune
The Santa Clause
The Wind Rises

Livres
Soro de Gary Victor
Cures et châtiments de Gary Victor
Un dernier verre avant la guerre de Dennis Lehane
Ténèbres, prenez-moi la main de Dennis Lehane
Born to run de Christopher McDougall
Le chevalier des brumes de Tim Power
Gone Baby Gone de Dennis Lehane
Prière pour la pluie de Dennis Lehane
Gore : dissection d’une collection par David Didelot
Cornes de Joe Hill
Jardin de chair de Frédéric Raymond
Une fille comme les autres de Jack Ketchum
L’Oddyssée chimérique de Claude Lalumière
Malphas 1 à 4 de Patrick Senécal
La machine à broyer les petites filles de Tonino Benacquista

BD
Blacksad 5
Captain America : Winter Soldier
Arkham Asylum
Gotham Central 1, 2, 3, 4
Locke and Key 4 à 6
The Cape
Fables 21
Walking Dead 18
Paul en appartement

Séries 
Breaking Bad (saison 2 à 5)
Game of throne, saison 3
Sherlock, saison 1 à 3
Banshee saison 1
Les mystérieuses cités d’or, saison 2
True detective, saison 1

jeudi 18 septembre 2014

Suivi du Grand défi de littérature québécoise

Connaissez-vous le Grand défi de littérature québécoise? Il s'agit d'une initiative de mon ami et collègue écrivain Dominic Bellavance. En gros, pendant la prochaine année, les participants s'engagent à lire le plus de livres québécois possible et à faire le suivi des lectures par un document qui permet d'ajouter un système de pointage à l'aventure. Le grand prix? La satisfaction d'avoir été le plus grand lecteur de livres écrits par des auteurs Québécois.

Le défi s'est lancé le 1er septembre. En deux semaines, j'ai eu le temps de lire :
1- Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer? de Danny Laferrière. Je dois admettre que j'ai été déçu de ce livre. Peut-être que les attentes étaient trop élevées? L'auteur à du style, de la verve, mais… il manque d'histoire. Ça m'a fait pensé un peu au Déclin de l'empire américain (mélange de discussion philosophique et de sexe), mais sans le jeu incroyable des acteurs du film de Denys Arcand.
2- Argus Step in de Daniel Sernine : J'ai triché un peu ici (mais si peu) en lisant la traduction anglaise du roman de Sernine. Comme ça je participe au défi tout en augmentant mon nombre de livres lus en anglais, c'est tout bénéfice. Personnellement, dans sa production jeunesse, j'aime mieux ce que fais cet auteur du côté du fantastique. Pourtant, mes œuvres préférées de Sernine sont ses romans de science-fiction… pour adultes. N'empêche que c'est une histoire intéressante et bien construite. Comme il s'agit d'une traduction, je ne parlerai pas du style, mais il me semble qu'il y a quelques problèmes de rythme au cours de l'histoire.
3- Chroniques sauvages - Teshkan de François Lapierre. J'avais adoré la série Sagah Nah du même auteur. Ici, il reprend certains des mêmes thèmes (l'histoire se passe au début de la colonisation du Canada et donne la part aux Amérindiens), mais avec un ton beaucoup plus sérieux. J'ai préféré Sagah Nah, mais ces Chroniques sauvages sont assurément parmi les meilleures bandes dessinées québécoises que j'ai lues (et dans les bonnes bandes dessinées lues cette année peu importe la provenance).
4- XYZ 114 : J'étais curieux de lire ce numéro spécial « Retour du bon vieux futur » avec ses histoires inspirées des pulps de la belle époque. D'autant plus que le sommaire était alléchant : Jean-Pierre April, Michel Châteauneuf, Ariane Gélinas, Frédérick Durand et Geneviève Blouin. J'ai été déçu par l'homogénéité des textes. J'ignore quelle était la commande initiale, mais tous les textes sont des parodies qui vont allégrement dans les clichés et dans les allusions sexuelles. Il n'y a pas de mal en soit, mais j'aurais préféré davantage d'exploration.

En ce moment, je lis Le fils emprunté de Jacques Savoie. Si Cinq secondes, la première histoire de l'enquêteur fétiche de Savoie, Jérôme Marceau, m'avait laissé un peu sur ma faim (le personnage manquait de profondeurs, la mécanique de l'histoire manquait de souplesse), j'avais été emballé par le deuxième tome : Une mort honorable. Avec Le fils emprunté, il semble démontrer qu'il a sa place dans la liste des meilleurs auteurs policiers québécois. Au menu : crime mystérieux sur fond de magie vaudou.

Le prochain sur ma pile : Jardin de chair de Frédéric Raymond que je viens de recevoir par la poste. Bien hâte de lire ce premier roman de cet auteur qui endosse aussi le rôle d'éditeur pour La Maison des Viscères.

Et le reste du Canada?

Je ne lis pas que du Québécois. Outre mes lectures régulières, j'essaie de lire davantage en anglais et surtout des auteurs Canadiens. Je me suis donc abonné à la revue On Spec. J'ai aussi commandé quelques livres, particulièrement des collectifs. Pour moi, l'idéal est de lire des nouvelles, d'abord parce que je lis moins vite et de façon moins efficace en anglais, mais surtout parce que ça me permet de découvrir différents auteurs.

J'ai lu la moitié du numéro 96 d'On Spec et, déjà, j'ai eu un coup de cœur pour la nouvelle Nennorluk Goes Down Deep, une histoire de monstre marin à Terre-Neuve. L'ambiance est réussie, les personnages crédibles et l'écriture envoûtante. La bonne nouvelle : ce texte sera au sommaire du recueil que l'auteur va publier au printemps 2015 : How To Carry Bigfoot Home. Si tous les textes sont du même niveau, ça risque d'être un de mes coups de cœur de 2015.

Je viens de recevoir deux collectifs par la poste : Masked Mosaic dirigé par Claude Lalumière et Camille Alexa et Evolve dirigé par Nancy Kilpatrick. Le premier recueil met en scène des super-héros canadiens. Je suis bien curieux de découvrir ce type d'histoires autrement que par la bande dessinée ou le cinéma. Pour ce qui est d'Evolve, c'est un recueil d'histoires de vampires, comme presque tout ce que touche Kilpatrick (ou presque). Petite note amusante, on retrouve un auteur yukonnais dans chacun de ses deux livres : Emma Faraday (nom de plume de Marcelle Dubé) dans Masked Mosaic et Jerome Stueart dans Evolve. Ce dernier livre comprend aussi des fictions d'auteurs québécois que je connais bien : Claude Lalumière, Claude Bolduc et Natasha Beaulieu.

mardi 29 avril 2014

Quelques lectures

J’ai toujours un malaise quand vient le temps de commenter mes lectures du moment. D’abord parce que je suis aussi auteur et ça me place toujours dans une drôle de situation de commenter le travail de confrères. Aussi, parce que ça fait partie de mon travail d’écrire des articles et des critiques et que dans mes loisirs… ben disons que j’ai envie de faire autre chose.

Mais parfois, je lis des livres qui sont de véritables coups de cœur et j’ai envie d’en parler autour de moi. Pour les faire connaître. Pour donner envie à certains de les lire à leur tour. Mais je vous préviens, il n’y aura pas de critiques en bonne et due forme. Seulement des impressions de lecture, des commentaires, des pensées et, surtout, des recommandations de lecture.

Commençons par Le Sabat des éphémères, un recueil de nouvelles d’Ariane Gélinas publié aux éditions des Six brumes. L’auteure a un talent unique. Quand j’écris une nouvelle, j’essaie de raconter une histoire. Et, quand le texte est particulièrement réussi, je parviens à donner corps à un personnage, à transmettre au lecteur ses émotions.



Ariane Gélinas elle, donne corps à des mondes, transmets des atmosphères. Pas que ces histoires soient mauvaises, mais l’efficacité de ses textes n’est pas aussi dépendant du récit que chez la plupart des auteurs. Elle a un don particulier pour créer des atmosphères souvent noires, parfois étouffantes et presque toujours troubles. Parfois, bien longtemps après avoir terminé l’un de ses textes, je ressens encore les doux frissons qu’il m’a procurés. Elle fait un travail d’orfèvre sur chacun de ses textes où chaque mot à son importance. En quelques pages, elle crée des univers dans lesquels un prend plaisir à se perdre.

Est-ce que je le conseille à tous : non. Son approche n’est pas grand public, mais ceux qui apprécient les textes éthérés, parfois malsain, vont en redemander. Bien sûr, comme dans tous les recueils, l’ensemble est parfois inégal. Mais il n’y a aucun texte faible. Petit conseil : plutôt que de lire les treize nouvelles d’un trait, je suggère de les lire à un rythme plus lent – idéalement, une par jour – afin de goûter pleinement chacune des expériences qui sont offertes. Car, en les lisant trop rapidement, je trouve que l’ensemble nuit à chacune des parties. Les thématiques se recoupent, les ambiances se mélangent. Mais peut-être que c’est seulement moi… ou que c’est parce que j’aurais aimé faire durer le plaisir.

Ce qui est drôle, c’est qu’au moment où j’ai lu le recueil, je travaillais justement sur un texte d’ambiance qui reposait sur un élément propre à l’univers d’Ariane Gélinas : le labyrinthe. La lecture du recueil a assurément contaminé ce texte. Vous pourrez en juger vous-même si "Au cœur de la ville" est publié un jour. Attention, il ne s’agira pas d’un pastiche d’Ariane Gélinas. Mais si je réussis à amener le texte là où je le veux, ce sera du Lafrance (pour ce que sa veut dire) avec une influence assumée.

Deuxième lecture, dans un genre complètement différent : Born to run. C’est un livre à thèse, clairement, qui emprunte beaucoup au style journalistique (après tout, l’auteur est dans le domaine), mais c’est aussi un superbe roman d’aventure qui permet de joindre deux de mes passions : la course à pied et la lecture. Born to run, est un livre culte chez les coureurs. Tout commence lorsque l’auteur se demande pourquoi il se blesse toujours en courant. Et cette simple question à laquelle les médecins sont incapables de donner une réponse qui le satisfasse, l’a guidé vers une aventure jusqu’au cœur d’une des zones les plus dangereuses du Mexique à la recherche d’un peuple réputé pour ses coureurs. En effet les Tarahumaras ont basé leur mode de vie sur la course, en montagne, presque nue pied. Et ils courent sur des distances folles, dans des lieux accidentés, presque toute leur vie. Et ils ne se blessent jamais. Pour atteindre ce peuple, le journaliste Christopher McDougall a rencontré bien des obstacles, dont des trafiquants de drogue, mais surtout une palette de personnages colorés (des chercheurs, mais aussi des coureurs d’ultra).



Ce livre est un amalgame de plein de choses, tout en demeurant cohérent. C’est une charge contre l’industrie des souliers de course : des souliers conçus pour régler des problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés (la plupart des maux propres aux coureurs sont apparus après l’invention des souliers de course). C’est un essai sur une théorie de l’évolution humaine (en gros, l’humain a été créé pour courir, pas pour le sprint, mais la course de fond et c’est ce qui lui a permis de survivre). C’est l’histoire d’une enquête journaliste. C’est un ensemble de portrait haut en couleur de gens qui le sont tout autant (et l’auteur excelle vraiment dans l’art de brosser le portrait de ses personnages). Mais c’est surtout un livre sur l’amour de la course. Et c’est dur de le refermer sans avoir envie de se lancer sur les pistes (avec ou sans souliers, c’est selon).

lundi 25 juillet 2011

Quelques lectures

Je ne suis malheureusement pas aussi assidu sur ce blogue que je ne le voudrais. Sans entrer dans les détails, disons que j'ai accepté un nouveau défi au travail. Certains le savent, je suis co-propriétaire d'une entreprise de communications, Publications Beauce-Nord. Notre activité principale est la publication du Journal de Beauce-Nord. Depuis, nous avons ajouté un portail de nouvelles en ligne (editionbeauce.com) et nous faisons aussi des sites Internet. Ce dernier département ne fonctionnait pas comme nous le voulions, alors j'ai décidé de le prendre en main. Je me suis rendu compte que le département manquait de structure, alors j'ai donné un gros coup là-dedans. J'en ai encore pour quelques semaines pour bâtir tous les outils de travail dont j'ai besoin, mais les premiers résultats sont encourageants.

Côté écriture, je planche sur « Dans ses pas », une novella pour la première anthologie de La Maison des Viscères. Le projet avance bien, mais j'ai peur de manquer de temps. Cette nouvelle est un peu hétéroclite en ce sens qu'elle mélange la plupart de mes champs d'intérêt littéraire : le conte, le policier, l'horreur avec un soupçon de gore (c'est La Maison des Viscères après tout). Le défi est de réussir à former un tout avec ça pour que ce soit intéressant et non un assemblage disparate. Dans ma tête, ça marche très bien. Reste à voir si je serai capable de réaliser le passage sur papier… Je dois aussi terminer les corrections pour « Comme le vent qui s'écoule entre nos doigts » qui paraîtra dans le prochain numéro de Brins d'éternité.

Ensuite, je vais terminer mon roman policier avec Tom Brousseau, le détective qu'on peut découvrir dans le dernier Alibis. Le plus drôle, c'est que ce roman se passe avant et a été écrit avant la nouvelle qui est déjà publiée. Faut dire que je n'avais aucune idée d'où publier un roman policier au moment où je l'ai écrit. Je ne le sais pas nécessairement plus, mais je dois terminer ce roman.

Côté lecture, j'ai lu plusieurs bons livres et j'aurais aimé en parler en détail, mais comme la pile augmente sans cesse, je préfère les passer rapidement en revue aujourd'hui, pour pouvoir parler des prochaines lectures au fur et à mesure.

J'ai beaucoup aimé L'Enfant sans visage d'Ariane Gélinas publié dans la collection Kompact chez XYZ (c'est d'ailleurs le livre le plus intéressant des trois que j'ai lus dans cette collection). Une novella de science-fiction (bien qu'à certains niveaux ce soit davantage une histoire fantastique dans un cadre de science-fiction). On retrouve la très belle écrire de Gélinas et le ton un peu gothique de ses écrits. Elle excelle dans la création d'ambiance et d'images fortes. Un livre conseillé.

Séparation des corps de Richard D. Nolane (Rivière blanche). Voilà un beau recueil qui permet de suivre l'évolution d'un auteur sur une période de trente ans. Les premières nouvelles sont très associées aux modèles littéraires du jeune auteur (Lovecraft entre autres), mais on suit une progression autant dans les idées que dans le style. Au final, ce livre contient un roman d'aventures fort divertissant et plusieurs excellentes nouvelles. Je le conseille aussi.

Le grand sommeil de Raymond Chandler a été un de mes gros coups de cœur cette année (après Sur des mers plus ignorées…). On y trouve tout ce qui me plaît dans une histoire noire : des personnages à la moralité douteuse, un détective dur à cuire et une ambiance exceptionnelle. Seul petit défaut, l'intrigue est un peu relâchée par moment et la fin de m'a pas totalement convaincu. Sans parler de la mort d'un personnage dont nous ne saurons jamais s'il s'agit d'un meurtre ou d'un suicide. Mais, dans ce type d'histoire d'ambiance, c'est le genre de défaut qui porte moins à conséquence que dans d'autres œuvres.

La Maison au fond de l'impasse de Frédérick Durand (Vents d'Ouest) est un roman particulier. Au premier degré, c'est l'histoire d'un homme qui fait un pacte avec le diable et dont on suit la descente aux enfers. Le tout porté par la plume de Frédérick Durand qui excelle à créer des ambiances malsaines. Toutefois, il manque le petit côté éclaté propre à l'auteur pour que cette lecture au premier degré m'ait véritablement conquis. J'ai trouvé que c'était un peu trop classique. Par contre, on peut voir l'histoire au deuxième degré et suivre la maladie mentale d'un individu schizophrène. La lecture est alors plus riche. Malgré tout, ce n'est pas mon livre préféré de l'auteur qui m'a véritablement envoûté avec des œuvres comme L'Île des cigognes fanées, Au rendez-vous des courtisans glacés et À l'intention des ombres.

Kyra de Léo Lamarche (Coups de tête). Voilà un Coups de tête de la première génération : un court récit (très court ici) porté sur l'action. Cette histoire de science-fiction s'attache au pas d'une jeune fille en fuite pour sa liberté. Pourtant, il m'a semblé qu'il y avait quelques longueurs et que l'histoire mettait trop de temps à véritablement décoller pour son format. De plus, le cadre aurait gagné à être mieux défini. À l'état actuel, on termine le livre sans trop savoir ce qu'on a lu. Pas désagréable, mais un peu frustrant.

En ce moment, je lis Sur des mers plus ignorées… de Tim Powers. On dit que ce livre a inspiré la série « Pirates des Caraïbes » dans son ensemble et, plus directement le dernier volet que je n'ai pas vu. À la lecture du livre, les ressemblances sont évidentes, surtout pour ce qui est de l'ambiance. Tim Powers est un de mes auteurs préférés. Mais c'est drôle, on dirait que j'ai tendance à l'oublier. Je peux prendre deux ou trois ans entre chacun de ses livres alors que pour Neil Gaiman ou Guy Gavriel Kay, je suis à jour dans mes lectures et je lis les nouveautés dès leur parution. Dans « Sur des mers plus ignorées... », on retrouve son humour et sa façon un peu décalée de voir les choses dans une histoire qui mélange pirates, magie, vaudou et zombis. Une lecture à conseiller.