Il y a un mois et demi, j'ai présenté un conte teinté d'érotisme dans le cadre d'une soirée coquine. J’ai apprécié l’expérience. Le fait de partager avec le public, de sentir la complicité qui s’installe entre le conteur et le public. C’est tellement différent du support du livre où il y a des mois, des années mêmes, entre l’acte de raconter par écrit et le moment de lecture. Et, jusqu’à preuve du contraire, c’est impossible d’être là au moment où le lecteur découvre l’histoire.
Hier soir, j'ai présenté un nouveau conte dans le cadre de Vibrations littéraires, une soirée sous le signe de la littérature offert par des artistes franco-yukonnais.
Mais avant de parler de mon texte et de mon expérience de la soirée, je veux glisser un mot sur une entrevue que j'ai donnée à la radio la veille pour présenter l'événement. Disons-le d'emblée, j'ai une certaine habitude de la radio, alors quand on m'a demandé si je voulais faire une entrevue pour faire la promotion de Vibrations littéraires, j'ai dit oui sans hésiter. Par après, j'ai appris que c'était en anglais. Je lis bien dans cette langue, je suis capable d'écrire sans faire trop de faute, je peux écouter films et séries télévisées en anglais, mais quand vient le temps de parler... disons que ça sort carré. J'ai passé très près de chocker. Puis je l'ai vu comme un défi et je me suis lancé. J'étais donc à CBC hier midi pour parler avec l'animation de Midday cafe. Je ne peux pas dire que ça a super bien été. En partant, j'ai fait des erreurs avec la prononciation des "h" (en fait, j'en ai ajouté là où il n'y en avait pas), ce qui fait en sorte que je mis toute mon attention sur cet aspect. Et que les erreurs se sont multipliées. Malgré tout, je suis content d'avoir relevé le défi.
Le texte donc. J’hésitais entre certaines de mes nouvelles qui je voyais bien transformer en conte, mais finalement, j’ai écris un nouveau conte en début de semaine. Il s’intitule Rêve de course. L’idée provient d’un échange avec un ami écrivain qui m’a permis de réaliser que je n’avais jamais écrit sur un projet qui me passionne et qui occupe une grande place dans ma vie : la course à pied. Même si j’étais dans un autre projet, les idées d’histoire à propos de la course à pied se sont mises à me hanter jusqu’à ce que j’écrive celle-ci. C’est l’histoire de deux frères aussi différents que des frères puissent l’être. D’un côté, l’intellectuel, Luc, qui est né vieux. De l’autre, son grand frère Jean, le beau sportif qui semble ne jamais vieillir. Jean se prépare pour courir le marathon de Boston, mais meurt lors d’un entrainement : crise cardiaque à cause d’une malformation qui n’avait jamais été détectée. Son jeune frère, pour qui le sport se résume à s’écraser devant la télé avec un sac de chips lors d’un match de hockey, décide de prendre le relais et de réaliser le rêve de son frère.
Vibrations littéraires était la soirée parfaite pour tester du nouveau matériel. Il y avait peu de gens, mais ceux qui étaient présents sont des gens pour qui j’ai beaucoup de respect : des gens de mots, des gens de musique, des gens de théâtre, des gens des arts. C’est étonnant le nombre d’artistes qu’il y a au Yukon et le talent qu’on peut retrouver dans la communauté francophone. Je crois que l’attrait du Nord touche particulièrement les rêveurs et les artistes. J’ai trouvé que ça s’était encore mieux passé que lors de ma première expérience. J’aime la nervosité qui me prend une fois rendu sur scène. Et j’aime le fait que, contrairement au théâtre, je n’ai pas besoin de jouer un personnage ou de connaître mon texte par cœur. Je m’assure de connaître les moments-clés et je brode autour. Mais ce qui me plait surtout, c’est le contact avec le public. C’est la rétroaction immédiate que l’on reçoit.
Finalement, en fin de soirée, il restait du temps et j’ai pu livrer un deuxième conte, L’homme qui faisait pousser des mots. Un des textes que je préfère dans mon répertoire. Je ne l’avais pas pratiqué depuis des mois. Je ne l’avais pas fait à voix haute depuis plus d’un an. Alors, je n’étais pas convaincu de pouvoir le faire comme il faut à pied levé. J’ai profité d’une pose pour noter les moments clés sur une feuille et j’étais prêt. J’ai l’impression que le public m’a suivi dans cet univers onirique teinté d’amour et de tendresse. Et pour moi, ça a été une superbe clôture à une soirée au pays des mots.
Il me reste beaucoup à apprendre dans le domaine du conte : jouer avec les silences, mieux maîtriser mon corps, mieux connecter avec le public. Mais jusqu’à maintenant j’adore l’expérience et ça me donne une énergie nouvelle dans mon écriture, car ça me ramène à la base, à ce qui me fait aimé écrire : raconter des histoires. C’est un tout autre rapport au texte et j’adore ça.
Si tout va bien, j’espère présenter un spectacle de contes d’ici un an. Déjà, j’ai neuf textes de sélectionnés et une idée pour un dixième. Me reste maintenant à tester mon matériel et je compte bien profiter de toutes les occasions qui s’offrent à moi pour le faire.
3 commentaires:
Je te comprends tellement d'aimer conter! :) J'ai fait juste une tentative, mais je réitérerais sans hésiter! :)
Le rapport aux mots est effectivement différents (quoiqu'avec le blogue j'écris très "oral"), mais, surtout, c'est magique d'avoir la réaction instantanée du public. :)
Je vais sans doute essayer de développer cet aspect-là dans les prochaines années moi aussi. :)
Faudra ajouter ça dans les tables rondes d'un prochain Boréal... quand je pourrai y être idéalement.
Ce serait une maudite bonne idée! On attache Éric Gauthier à une chaise et on le cuisine en gang! ;)
Publier un commentaire