samedi 26 octobre 2013

Jour 6 : seul au monde (et loin de ma mère)

Petite mise en garde avant de faire le résumé du jour. J'écris mes billets sur ce voyage à chaud, je ne prends pas le temps de construire le récit, d'y mettre du style ou de l'intellectualiser. J'y vais comme ça vient, avec les imperfections que ça comporte. Dont plusieurs erreurs d'orthographe. Je tiens à m'en excuser.

Et, petite réflexion du jour : je ne connais décidément pas le Canada. Chaque jour, je traverse des villes (rendu à ce stade de mon voyage, disons plutôt des villages) dont je n'avais jamais entendu parler.

Aujourd'hui, ça a été une expérience presque mystique. Par moment, j'étais seul au monde, perdu dans les montagnes qui séparent la Colombie-Britannique du Yukon. Entouré par la nature sauvage dans ce qu'elle a de plus impressionnant. Des montagnes à perte de vue, des rivières dont l'eau semblait couleur émeraude, des arbres... et des animaux en grand nombre. La route semblait être une aberration dans ce décor (et je ne parle pas de ma voiture). On se sent tout petit et en même temps, c'est si beau. J'aurais pu m'arrêter à tous les 100 mètres pour prendre des photos, mais j'avais un planning à respecter et j'estimais (l'histoire allait me donner raison) qu'il valait mieux ne pas trop rouler sur cette route de nuit. J'avais bien raison.   

Revenons au matin. Je me suis réveillé à mon hôtel de Dawson Creek vers 6 h 30 après plus de 9 h de sommeil. Mais l'estomac dérangé par le sac de chips mangé la veille en écoutant des épisodes de Big Bang Theory (et toutes les cochonneries ingurgitées depuis le début du voyage). Faut dire que je n'ai plus l'habitude de mal manger… Disons que je suis dû pour reprendre mon programme d'entraînement dès mon arrivée à Whitehorse. Ça tombe bien, il y a du soccer demain soir et du frisbee ultimate le lendemain.

J'ai pris la route à 7 h 30 après avoir fait le plein. J'ai tellement le réflexe de le faire chaque matin que j'ai été surpris de voir que je pouvais en mettre seulement pour 20 $ ce matin puisque je venais de faire le plein la veille. Petite note : l'essence ce matin m'a coûté 1,39 $, soit le montant le plus cher payé lors du périple. À Edmonton, j'ai payé 1,09 $, alors que c'était autour de 1,19 $ en Saskatchewan et au Manitoba. Au Québec et en Ontario, vous êtes bien placé pour connaître le prix : trop cher. 

De Dawson Creek, on prend le vrai Alaska Highway. J'ai pu, lors de mes premiers kilomètres assistés à un superbe levé de soleil. Pas la peine de dire que ça m'a mis le sourire sur les lèvres pour le reste du trajet (bon, n'exagérons pas, jusqu'à ce que je commence à descendre les côtes de montagnes… moment à partir duquel je n'ai plus pensé à rien d'autre que de conduire). Le début du trajet donne le ton. En allant vers Fort John, on s'engage dans une vraie route de montagne avec ses montées et ses descentes en lacets. Disons que j'étais content qu'il fasse beau et que la neige ne se mette pas de la partie. À 9 h 15, j'ai d'ailleurs croisé un accident. Heureusement, ce fut le seul de la journée sur cette route périlleuse. D'ailleurs, plusieurs affiches signalent des courbes dangereuses, des terrains glissants, des zones d'éboulement et autres petites horreurs de la route. Il y a de nombreuses pentes d'au moins 6 % sur quelques kilomètres avec des boucles. Et, par moment, la chaussée n'est pas de l'asphalte, mais quelque chose qui ressemble davantage à de la pierre concassée cimentée.

Vers 12 h 30, je me suis arrêté pour manger à Fort Nelson. J'avais parcouru 460 km en 5 heures. Tout allait comme sur des roulettes. Je pouvais même espérer arriver assez tôt à mon hôtel pour appeler mon amour à une heure raisonnable (ne pas oublier les trois heures de décalages), mais surtout avant la nuit. À la sortie de la ville, il y avait un écriteau électronique qui annonçait la présence de bisons sur l'autoroute (une autoroute à une voie qui ressemble plutôt à une voie secondaire et qui n'est pas beaucoup plus utilisée). Des bisons !!! Sur le coup, je me suis fait la réflexion que j'étais décidément loin de ma mère.    

Heureusement, il y a moins de pentes et, pendant un moment, j'ai maintenu une bonne vitesse de croisière. Jusqu'à ce que j'arrive dans la vraie zone sauvage. Au moins 400 km sans village digne de ce nom. Pas de zone de cellulaire s'il m'arrive quelque chose et des animaux… J'attendais les bisons, après tout j'étais prévenu, j'ai d'abord eu des chèvres de montagne sur le bord de la route. Ensuite, j'ai croisé deux petits groupes de caribous qui marchaient sur l'autoroute et ne semblaient pas pressés de céder la place. Et, enfin, les bisons. D'abord un tout seul, à plusieurs mètres de la route. Puis, un groupe de 10. Et un groupe de plus de 100 bêtes et un autre groupe de 20. Et un autre groupe. Et… Je crois que vous voyez le tableau. Disons que j'ai roulé ben ben lentement pour m'assurer de ne pas frapper un de ses colosses. 

Je suis arrivée au Yukon, sans vraiment le savoir. Probablement vers 16 h 30 dans un hameau appelé Mucho (ou Macho) Grande… ou quelque chose du genre, je n'ai pas pensé le prendre en note. Tout ce que je sais c'est que c'est après ça que j'ai vu mes bisons. J'ai ensuite passé d'un côté à l'autre de la frontière entre le Yukon et la Colombie-Britannique pendant quelques heures. 

En maintenant le rythme, j'estimais que j'allais arriver vers 19 h 30. Donc, je pensais arriver à Watson Lake, Yukon, avant la nuit. Mais en montagne, le soleil se couche sans avertissement. À 18 h 15, il faisait clair. À peine le temps de cligner des yeux et c'était la nuit noire. Et quand je dis nuit noire, ce n'est pas seulement un cliché éculé. Il faisait si noir que je passais mon temps à essayer de mettre mes hautes. Mais ils étaient déjà allumés. Je croisais rarement des voitures. Il n'y en avait pas devant ou derrière moi. Puis la brume s'est levée et une fine pluie s'est mise de la partie. La nuit semblait impénétrable. Même si les côtes et les courbes étaient moins nombreuses qu'en début de journée, j'ai ralenti (beaucoup), car je ne me sentais pas en confiance et que je commençais à ressentir une certaine fatigue (ou une fatigue certaine). Heureusement, il n'y avait pas de neige. Heureusement, il n'y avait pas de… Fuck ! Il s'est mis à neiger. Honnêtement, je crois que si j'avais eu une côte comme celle avant Fort Jonh, je serais sorti du mon véhicule pour le pousser, comme on le fait avec un vélo. Mais bon, je me suis contenté de ralentir. Beaucoup. Je suis finalement arrivé à Watson Lake à 20 h 15. Une petite ville de près de 1 600 habitants. Mais surtout, des lumières : celles de maison et des lampadaires. Après deux heures dans le noir complet, c'était le bienvenu. Le seul restaurant de la ville encore ouvert était celui du motel voisin du mien, alors je ne me suis pas obstiné et je suis allé y manger un wrap au poulet avant de rejoindre mes pénates d'où je vous écris. J'ai quand même pris la peine d'appeler Marie-Pierre en arrivant à l'hôtel pour la rassurer. La chambre est bien et après cette route, c'est tout ce dont j'avais besoin. Au total, j'ai parcouru 968 km aujourd'hui.
 
Demain, je devrais dîner à Whitehorse et regagner notre nouvelle maison. Il ne reste que 450 km à parcourir. Mais ça, c'est une autre histoire.

Et comme je sais qu'il y a pas mal de littéraire qui lise ce blogue, je vais y aller de mon commentaire du jour : j'ai bien aimé Un homme très recherché de John le Carré. Un bon roman d'espionnage, un peu trop classique peut-être. Et la fin m'a laissé sur mon appétit. Mais dans l'ensemble, un suspense efficace. Je ne mettrai pas toutes les oeuvres de l'auteur dans ma pile de livres à lire, mais je risque de me laisser tenter à nouveau (lorsque j'aurai terminé l'oeuvre de Lehane).

À demain. 

3 commentaires:

Unknown a dit...

Ouf...rock ans roll la petite route.
Heureusement que tu es a bon port...et dans une chambre coquette et originale...!!!
Sois prudent pour le dernier 450 km.

Nicole a dit...

Wow, quelle belle chambrette. J'adore la combinaison couvre-lit et papier peint. Le style colonial du mobilier sera tendance bientôt...Je t'ai suivi dans ma tête avec les images décrites. Le Fuck spontané m'a bien fait rire.

Gen a dit...

Whoa! Ça c'est de la déco qui ne se laisse pas ignorer! ;)

Bonne route demain (aujourd'hui), je te souhaite qu'il ne neige pas!