L’homme qui faisait pousser les mots (Anne-Marie Lemaire)
J’ai rencontré bien des écrivains qui, dans leur temps libres, font pousser des fleurs. C’est un passe-temps que je ne comprends pas, mais il y a des gens qui ont le pouce vert… même parmi les gens de lettres.
Par contre, j’ai connu un seul fleuriste qui faisait pousser des mots.
Vous en avez peut-être entendu parler. Il y a quelques années, une quinzaine maintenant, il avait connu une gloire éphémère dans la région de Québec grâce à un reportage télévisé. Un type singulier. Un excentrique. Chaque fois qu’il plantait une fleur, il entourait la graine d’un papier. Sur ce papier, il inscrivait un mot.
Et la fleur devenait le mot.
Pas littéralement, mais quand elle se conjuguait dans un bouquet, cela formait une phrase, un charme puissant qui pouvait lier les cœurs pour toujours.
Je me souviens de notre première rencontre. J’étais un petit cul à peine assez vieux pour écrire en lettres attachées. J’accompagnais mon père qui voulait acheter un bouquet pour ma mère. Un bouquet spécial.
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