lundi 24 novembre 2014

Jodorowski's Dune

Il y a quelques années, j'avais lu une entrevue de Alejandro Jodorowski parlant de son projet avorté pour adapter Dune au grand écran. À la lecture de cet article, je n'étais pas convaincu que le résultat final aurait été satisfaisant (et assurément pas pour les fans de l'œuvre originale), mais je me disais que l'histoire du projet avorté avait un potentiel immense.

Je ne suis pas le seul à m'être passé ce commentaire semble-t-il puisque Frank Pavich a réalisé un documentaire intitulé Jodorowski's Dune. Ce documentaire est fascinant. On se replace dans le contacte du début des années 1970, l'avant Star War en termes de films de science-fiction. Jodorowski, un personnage assez déjanté qui avait fait quelques films surréalistes jusque-là, décide de lancer un ambitieux projet d'adaptation cinématographique du livre Dune. Et il a surtout réuni autour de lui une équipe du tonnerre. L'équipe artistique était formée de Moebius, Chris Foss et H. R. Giger, rien de moins. La musique devait être composée, entre autres, par Pink Floyd. Dan O'Bannon devait faire les effets spéciaux. Et le casting comprenait David Carradine, Orson Welles, Mick Jagger et… Salvador Dali. Autant d'ego autour d'un même projet donnent le tournis.
Le film était présenté le dimanche 23 novembre à Whitehorse, alors j'étais très heureux d'assister à cette projection.


Il y a une foule d'anecdotes fascinantes (et troublantes). Entre autres, pour convaincre Dali de se joindre au projet, ils lui ont proposé d'être l'acteur le mieux payé au monde… de la minute utilisable. Le documentaire ne parle pas d'une autre excentricité du peintre que j'avais lu dans l'entrevue de Jodorowski. Dali était reconnu pour être impossible à diriger et pour toujours sortir du cadre. Alors, le réalisateur avait prévu de mettre de l'éclairage et des caméras partout. Le rôle principal de Paul devait être tenu par le fils du réalisateur, Brontis. Son père lui a donc fait suivre un entraînement intensif de deux ans pour qu'il devienne Paul… Quant à Orson Welles, pour le convaincre de jouer dans le film, Jodorowski a dû lui promettre que son chef cuisinier préféré lui ferait des repas tous les jours.

Avec les extraits du story-board vu dans le documentaire (qui a très bien réussi à leur donner vie) et les commentaires du réalisateur, je suis pas mal sûr que le résultat aurait été indigeste, mais avec plusieurs idées géniales. Mais bon, ça, on ne le saura jamais. Par contre, je serais porté à être d'accord avec les conclusions du film (bien qu'avec certains bémols) que ce film qui n'a jamais vu le jour a eu une influence sur le cinéma de science-fiction. Ne serait-ce que par ses artisans qui ont tous réussi ensuite. On n'a qu'à penser au Alien d'O'Bannon qui reprend une grande partie de l'équipe derrière Dune.

Quant au Dune de Jodorowski, on peut en voir des traces dans ses bandes dessinées, particulièrement L'Incal et La Caste de Méta-Barons.

Pour la bande annonce


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