vendredi 20 mai 2011

Clair Obscur 8

J'ai reçu un peu avant le Congrès Boréal la huitième livraison du fanzine Clair/Obscur et je viens de finir de le lire. Encore une fois, c'est du beau travail.



Visuellement, la couverture couleur de Laura de Fayard est inquiétante à souhait, la maquette est claire, mais les illustrations intérieures laissent à désirer autant par leur choix que par la faible qualité de la résolution. Le directeur de la revue (et rédacteur en chef et directeur littéraire adjoint et correcteur et concierge) François-Bernard Tremblay a annoncé lors du Congrès Boréal que Gabrielle Leblanc s'occuperait dorénavant de la mise en page. Je crois que ce sera une bonne chose.

Pour ce qui est du contenu, ça commence avec une entrevue avec l'auteur (entre autres occupations) Christian Roux. Je ne connaissais pas cet auteur français, mais l'entrevue m'a donné envie de le découvrir (tout comme une entrevue dans un numéro précédent m'a fait découvrir la série David Nolande). Ensuite, on a droit à quatre fictions : 31 octobre, 2015 de Nicolas Handfield, La famille Jambon de Claude Bolduc, La guerre comme si vous y étiez de votre humble serviteur et Cartographie de la cruauté d'Ariane Gélinas.

31 octobre, 2015 : Il s'agit du premier texte que je lis de Nicolas Handfield. En 2015, un adolescent s'apprête à passer l'Halloween dans un monde dévasté par les bombes. J'ai bien aimé le ton un peu naïf de l'histoire, par contre, j'ai l'impression qu'on m'a raconté l'anecdote plutôt que l'histoire complète.

La famille Jambon est un texte mineur de Claude Bolduc. On se croirait presque dans le même univers que dans le texte d'Handield. Alors que la population manque de nourriture, la famille Jambon se goinfre sans arrêt et prend du poids. Pendant ce temps, le narrateur les observe de la fenêtre de sa demeure. On retrouve dans ce court texte les qualités de l'auteur qui excelle à créer des ambiances. On retrouve aussi son sens de l'humour (noir). Au final, un texte agréable.

La Guerre comme si vous y étiez : Je ne peux bien sûr pas donner d'avis objectif de ce texte de ma plume. Toutefois, je peux parler un peu de sa genèse. Il s'agit d'un texte écrit lors de mes études en création littéraire. Du moins, pour la première version que j'avais fait lire à Mathieu Fortin qui l'a accepté beaucoup plus tard pour Clair/Obscur. Entre-temps, j'avais développé un autre concept pour le texte et je l'ai complètement réécrit à la deuxième personne, car cela permettait de servir mon propos. Le concept est demeuré le même : dans le futur, on peut visiter le Musée de la guerre. On peut s'y brancher à une machine qui nous permet de revivre des scènes de guerre tirées de souvenirs d'anciens soldats. Dans la version originale, on suivait un étudiant chétif qui faisait une visite scolaire. Dans la version publiée, j'ai enlevé le côté adolescent de la visite scolaire et j'ai joué avec la narration à la deuxième personne. Je déteste les artifices littéraires tape-à-l'oeil, mais je trouvais que ce procédé se mariait bien au texte et au thème de la quête d'identité (qui se retrouve dans la majorité des mes écrits d'ailleurs). Aussi, le ton est devenu résolument plus noir et les scènes de guerre (ou plutôt, la scène de guerre) est plus... « explicite » à défaut d'un mot qui convient mieux. Il s'agit aussi de ma première incursion dans le domaine de la science-fiction (en fait ma deuxième, mais dans le premier cas, c'était une nouvelle de débutant soumis à Solaris lorsque j'avais 17 ans... non seulement ça n'a pas été publié, mais je ne crois pas qu'il m'en reste une copie). J'ai toutefois un projet en cours dans ce domaine. On verra bien...

Cartographie de la cruauté est un texte d'ambiance (morbide) parfaitement réussie. Il y a des images fortes maniées par une plume acérée. On y suit un collectionneur bien particulier : un collectionneur de cruauté, de douleur, de mort. On suit son parcours qui l'amène sans cesse plus loin dans son vice, jusqu'à la réalisation de son plan final. J'ai beaucoup aimé.

La section critique comprend un dossier de quatre pages sur Contre Dieu de Patrick Senécal qui m'a semblé manquer un peu de contenu (il aurait pu aisément rentrer dans deux pages) et quelques critiques de livres.

Au final, sur les trois textes de fictions, il y en a un très bon, un bon et un dans la bonne moyenne. Pour ce qui est de la partie critique et article, je n'ai rien à redire, sauf que j'aurais préféré un article plus fouillé ou plus court sur Contre Dieu. Mais dans l'ensemble, c'est réussi en ce qui me concerne.

2 commentaires:

Ariane Gélinas a dit...

Je suis heureuse de découvrir ce commentaire sur Clair/obscur 08 (et sur ma nouvelle "Cartographie de la cruauté"). Tes encouragements me poussent à écrire d'autres écrits "morbides" en ce genre ! Et bravo pour ta nouvelle au sommaire !

Unknown a dit...

@Ariane : Bien heureux de te voir ici. Personnellement, dans ce genre de texte, je trouve que tu es l'une de celle qui excelle le plus au Québec... avec un certain Frédéric Durand.