jeudi 25 juin 2015

Retour au Québec


C’est toujours une expérience fascinante de prendre tous ses avoirs (ou du moins une bonne partie de) pour les placer dans une vannette reconvertie en camion de déménagement. Même si je suis content de me rapprocher de ma famille et de plusieurs de mes amis, j’ai trouvé ça plus dur de partir du Yukon que de partir du Québec deux ans plus tôt. Faut dire que c’est la première fois que je démissionne d’un poste que j’adore et, au-delà de l’aspect travail, le Yukon a été une terre d’accueil incroyable pour moi et les miens.

Le samedi 13 juin, les enfants étaient chez des amis alors que je remplissais la vannette et que Marie-Pierre arrangeait les derniers détails. Mon Odyssey a bien eu quelques plaintes, mais tout est entré. On a ensuite laissé une maison vide avant de passer notre dernière nuit toute la famille au Yukon chez nos amis.



Le dimanche, c’était mon départ pour une ride de 6000 km d’ouest en est. Mon départ du Québec avait été très émotif avec Jonathan qui était inconsolable de me voir partir. Là… rien. C’est à peine si les petits se sont rendu compte que je partais. Eux, ils voulaient jouer avec leurs amis. Je suis quand même partit le cœur gros, mais je n’ai pas été hanté par les images d’un gamin en pleur pendant 100 km.

Sur l’heure du dîner, je me suis arrêté à Watson Lake pour visiter la Sign Posts Forest.

La première partie du périple m’amenait jusqu’à Fort Nelson en Colombie-Britannique. Le chemin jusque-là (l’Alaska Highway) flirte pendant des heures avec la frontière entre le Yukon et la Colombie-Britannique. On y voit des paysages à couper le souffle et des animaux en veux-tu, en v’la. J’ai vu ce jour-là : une vingtaine de bisons, cinq chèvres de montagne, un chevreuil, un orignal et deux ours noirs, dont un qui m'a sorti dans la face. Qui veut aller au parc Safari après ça? 








Ce fut ma journée de voiture la plus relax : moins de 1000 km, un
 seul fuseau horaire et arrivé à destination pour l’heure du souper.

Le lendemain, je me suis rendu à Edmonton. Le voyage s'est bien passé. En partant de Fort Nelson le matin, j'ai vu un cerf et une heure plus tard, un gros ours noir marchait sur le bord de la route. Sur l’heure du dîner, je me suis arrêté à Dawson Creek pour me procurer un nouveau compagnon de voyage : TomTom le GPS. À partir de cet endroit, j'ai aussi découvert un aspect de la vie de ville que j'avais complètement oublié : des autoroutes à deux... et même parfois trois voies... Je me suis senti dépaysé. Après 10 heures de route et un peu plus de 1000 km, j’étais bien content d’arriver à l’hôte, surtout que je venais de perdre une heure. C'est plate de traverser le Canada d'ouest en est. À l'allée je gagnais une heure presque tous les jours, là, ce fut l'inverse. Petit clin d’œil aux amateurs de hockey : j’ai pris une chambre dans l’hôtel en face du Rexall Arena, le Coliseum Inn situé sur la Wayne Gretzky Drive. Et l’hôtel était non seulement confortable, mais le prix de la chambre très abordable. Il manquait un peu de resto à une distance assez courte pour se rendre à pied (j’avais assez donné côté voiture), mais juste pour dire que j’étais sur la voie de Wayne Gretzky, ça valait la peine.






Le vrai marathon commençait le lendemain avec un départ à l’aube, destination Winnipeg. Une route de près de 1400 km en plus de 13 heures de route. Heureusement, j’avais encore des livres audio, même si mes choix étaient moins bons qu’à l’allée. J’avais Docteur Sleep de Stephen King que j’ai aimé dans l’ensemble malgré des passages qui m’ont fait hurler, j’ai recommencé Dans les bois éternels de Fred Vargas, un livre que je n’avais pas terminé à l’allée (une histoire moyenne, mais de supers dialogues). J’ai été très déçu de Puzzles de Frank Thilliez qui après une bonne accroche verse dans le n’importe quoi et j’ai adoré la narration de Tout est sous contrôle de Hugh Laurie bien que l’histoire m’ait semblé dure à avaler. C’est tout pour la chronique littéraire du voyage.

La route vers Winnipeg a été très longue avec quelques problèmes de dos. C’est aussi la seule journée sans voir le moindre animal. Le soir, j’ai dormi dans un motel vraiment miteux dont la seule qualité était d’être sur le bord de l’autoroute (bien que par moment j’avais l’impression que les camions passaient carrément dans ma chambre tant elle était mal isolée). Mais comme j’étais là pour moins de sept heures, ce n’était pas si grave. À mon arrivée, une gentille préposée qui me dit qu'elle n'a pas de réservation à mon nom... heureusement que j'avais mes documents avec moi. Passé 22 heures avec 13 heures de route dans le corps, je suis comme qui dirait pas à mon meilleur pour ce qui est de la patience.

J’ai aussi découvert que j'aime mieux rouler en campagne qu'en ville, surtout quand je suis chargé comme je l’étais (j’avais tant de bagage que je ne pouvais voir un de mes angles morts comme il faut), alors les prairies se sont très bien passée.

Enfin, ce soir-là, Marie-Pierre et les enfants sont arrivés à Québec en avion.

Le lendemain, je me suis rendu jusqu’à Kapuskasing, dans le nord de l’Ontario. Je suis arrivé assez tard (23 h 45) et même si l’hôtel semblait bien, je ne peux en témoigner, car je suis tombé comme une bûche. J’ai perdu une heure à cause d’une erreur d’appréciation. À Longlake, il me restait de l’essence pour à peu près 150 km. J’avais dans la tête qu’Hearst était à 150 km, alors je me suis dit que j’allais mettre de l’essence là-bas et que je mangerais au McDo pour prendre un McHomard. Mauvaise idée, Hearst est à 200 km de là. Je me suis dit qu’il y aurait un village en chemin, alors j’ai continué pendant 50 km avant de prendre peur et de revirer de bord. Bon choix, car au retour, j’ai vu qu’il n’y avait aucun village entre Longlake et Hearst. Rendu à destination, j’ai cherché le McDo qui était fermé, tout comme le Subway. Je me suis rabattu sur le Tim Hortons avant de rouler ma dernière heure dans le noir jusqu’à Kapuskasing. Malgré tout, ce fut une bonne journée et j’ai vu quelques chevreuils en chemin.

Enfin, la dernière journée m’a amené jusqu’à Québec en passant par l’Abitibi. J’ai vu un bébé ours noir juste avant mon arrivée dans la province de Québec. J’ai eu mon seul moment de mauvais temps du voyage dans le parc entre Val-d’Or et Mont-Laurier. Mais quel mauvais temps : une pluie torrentielle qui m’a suivi pendant deux heures. Le côté positif, c’est que ça a lavé ma voiture qui était devenue un cimetière à mouches. Je suis finalement arrivé à 20 h 30, à temps pour voir les enfants qui venaient de se coucher, mais qui ne dormaient pas.

Le lendemain, la réalité m’a frappé : la maison était pleine de boîtes, je n’avais ni le téléphone, ni Internet, ni télévision et on devait tout mettre à notre main avec trois enfants dans les jambes. Heureusement, on a eu beaucoup de support, surtout de mes beaux-parents qui étaient là tous les jours après mon arrivée.

Après quelques jours, on est maintenant fonctionnel, mais il reste encore plusieurs boîtes à s’occuper (dont une centaine de boîtes de livres).

3 commentaires:

Caro a dit...

Tout un voyage! Ce fut agréable de vous suivre à distance. :-) Bon retour!

richard tremblay a dit...

Excellent récit. On s'y croirait, la fatigue en moins ! Bon retour !

Daniel Sernine a dit...

Pierre-Luc, je crois que j'ai manqué le billet où tu nous disais pourquoi tu quittais le Yukon...